Au cœur de l'été, j'ai décidé d'ouvrir ce blog avec une interview de Patrice Clerc. Figure du marketing sportif, je le rencontre une première fois sur l'ile de Cowes en 2012 lorsqu'il investit au sein de la société qui deviendra OC Sport. Six ans plus tard, c'est sur une autre île que nous nous retrouvons : Belle Ile, le fief estival de Patrice Clerc.
Rendez-vous est donné au golf de Belle-Ile pour évoquer sa vie de dirigeant et le golf. Il fait partie de ces personnes chaleureuses chez qui je distingue assez rapidement ce trait caractéristique des hommes actifs qui selon moi ne trompe pas : un regard espiègle et passionné. Il se présente comme un amoureux du sport, des grands événements et également des îles. Ce sont ces passions, insulaires et sportives, qui le pousseront à installer sa résidence secondaire à Belle Ile au début des années 90 alors qu'il est directeur du tournoi de Roland-Garros.
Humilité
Le golf est un sport dont la beauté et la difficulté résident à la fois dans la pratique mais également le lieu de pratique : les golfs. C'est ce qu'évoque en premier l'ancien dirigeant d'ASO et de Roland Garros : les parcours de golf, et en particulier celui de belle île, imposent une forme d'humilité au joueur. "Il faut jouer le parcours tel que la nature le propose". Belle-Ile ressemble à "ce que devait être les premiers golfs anglo-saxons, c'est exactement l'origine du golf". Humilité donc, face au parcours et face à soi-même car le golf est également un jeu "très difficile et technique".
"Je pense que à titre personnel que le golf est une formidable école d’humilité et de respect dont on a besoin en entreprise".
Respect
Respect de l’étiquette qui invite à se comporter correctement sur le terrain et vis à vis des autres joueur. Respect des règles puisque le sport est l'un des rares sport où l'on s'arbitre soi-même. Jouer au golf, c'est accepter cette responsabilité de jouer contre soi-même sans tricher.
"Les règles sont strictes mais simples".
Prendre le temps de la rencontre avec les autres et soi-même.
Une autre caractéristique du golf est le temps nécessaire pour jouer que l'ancien dirigeant perçoit comme une opportunité "quand on partage un parcours, on a le temps de se connaître, de se parler. Cela permet de mieux comprendre la personnalité, le caractère, la vision qu'a une personne d'une situation. Ce n'est pas un critère absolu mais cela permet d'avoir une bonne vision de la personnalité". En effet le golf est un formidable moyen de mieux se connaître et de mieux connaître les autres. C'est un moyen de s'extraire de nos quotidiens, de lever la tête du guidon et de prendre le temps de l'échange.
Bonus : le phénomène de continuité du leadership
Patrice Clerc était président du golf de Belle-Ile jusqu'en 2017, ce qui nous a donné l'occasion d'échanger sur la nécessité de savoir laisser sa place lorsque l'on a accomplit sa mission. Il prend en exemple certaines fédérations sportives ou clubs de golf anglais dans lesquels les mandats sont de deux ans. Cela permet selon lui d'éviter "la maladie françaises de la présidence à vie" et de se concentrer sur des objectifs et des missions précis. C'est ce que 'on appelle le phénomène de continuité du leadership : accepter que l'on a rempli sa mission et que l'on serait plus utile ailleurs. Accepter qu'il est temps de laisser la place à ceux que l'on a essayé de faire grandir.
Passionné des grands événements sportifs, l'ancien dirigeant d'ASO ne pouvait évidement pas manquer la Ryder Cup fin septembre sur ce "stade de golf" qu'est le golf national et qu'il connaît bien. Il y sera "pour l'ambiance" le vendredi et suivra le duel entre les USA et l'Europe "scotché" derrière sa télévision le samedi et le dimanche. Son pronostic :
"Sur le papier les américains sont favoris, ça va être difficile mais je pense que sur cette compétition, avec les différents formats de jeu, ce n’est pas perdu. Je verrais bien un match nul qui donnerait la victoire aux États-Unis ou une victoire des européens sur le fil".
Réponse en septembre !